Tchiat Lazare II: Ré-engineering ou lancer de nouveaux produits ?

Par Africa:
Dans son dernier article paru dans le quotidien mutations, Tchiat Lazare insiste sur l’innovation pour faire à la récession. Selon lui, les entreprises doivent « innover ou mourir ». Seulement, l’innovation telle qu’il la perçoit (lancement de nouveaux), exposera davantage l’entreprise qu’elle ne la protégera des dangers de la crise.

Commençons par catégoriser l’innovation. L’innovation peut être perçue de deux manières, ce que j’appelle: l’innovation création et l’innovation modification ((ré-engineering). L’innovation création, c’est la construction ou fabrication de quelque de chose de nouveau (ce que Tchiat Lazare propose), et l’innovation modification ou ré-engineering c’est la transformation ou la réorganisation de quelque d’ancien en quelque chose de nouveau (ce que nous pensons être la solution en temps de crise)

Maintenant, essayons de comprendre pourquoi innover en lançant de nouveaux produits n’est pas une bonne solution en période de récessions ou de crise économique.

En général, tout nouveau produit en phase de lancement, nécessite un gros budget marketing et des dépenses d’opérations. Or, pour tout nouveau produit, les ventes sont presque rarement immédiates, car il faut du temps pour que les actions marketing poussent les consommateurs à l’action. Ceci veut dire que si vous lancez un nouveau produit en début d’année, avec beaucoup de chances les ventes pourront atteindre leur pleine croissance deux ans plus tard.

Du fait que les ventes du nouveau produit ne seront effectives que des années plus tard, ce produit, initialement, ne peut donc pas supporter son propre développement. En d’autres termes, en lançant se produit, vous devriez puiser dans vos caisses de l’argent que nous n’avez pas (vu que baisse de la consommation) pour soutenir les coûts associés.

Entre temps, la crise ne fait que se développer. Les banques prudentes, augmentent leur niveau de réserves, ce qui conduit à une réduction de leur capacité à prêter. Vos partenaires n’ayant plus accès aux découverts et autres crédits bancaires, resserrent leurs conditions de paiements en exigeant que vous payiez plus tôt, ou pire que vous payez en cash. Les consommateurs paniqués préfèrent consommer à crédit et tenir leur cash comme bouclier. Par conséquent, vous aurez besoin de plus de cash en temps de crise que vous n’en avez besoin en période de croissance pour face à vos charges.

Voilà donc où se trouve le premier problème avec l’innovation (création) : en période de récession vous avancez vers l’inconnu, c’est-à-dire vous ne savez pas combien de temps va durer le trouble et ce à quoi vous devriez faire face ; il est désormais établi que vous aurez besoin de plus de cash que d’habitude ; l’accès aux crédits est limitée voir impossible ; et on sait également que tout nouveau produit, ne pourra pas supporter ses coûts dès son lancement.
Dans ces conditions, lancer un produit nouveau serait suicidaire, car vous allez mettre la trésorerie de votre entreprise en feu, et vous allez propulser votre entreprise au bord de la faillite. Et si a récession s’empire, il sera presqu’impossible de l’empêcher de chuter.

Ensuite, comme nous l’avions établie ici, le consommateur n’arrête pas de consommer pour cause d’envie, mais de survie. Pendant la crise, la plupart des consommateurs préfèrent réduire leurs dépenses aux besoins physiologies et de sécurités tels que décrit par la pyramide de Maslow. Tous besoins au delà de ces deux besoins basiques sont renvoyer à après la crise (combien achètent-ils une voiture en période de crise ?)

Plus encore, parce que la demande agrégée diminue, l’économie s’éloigne du plein emploi et par conséquent le chômage augmente. L’augmentation du chômage entraine une diminution du revenu des ménages et donc une réduction du pouvoir (et non du désir) d’achat.

Donc, le deuxième problème auquel fera face toute innovation, c’est une réduction de la demande. Innover serait alors courir le risque d’un fiasco commercial, et faire une erreur de Timing.

Imaginons maintenant que vous décidez de faire de « l’innovation modification », du ré-engineering. Pour se faire, vous changez vos procédés de production, vous améliorez vos produits en les débarrassant du superflue, vous réorganisez vos chanels de distributions pour les rendre plus efficaces, vous trouver de nouveaux moyens de faire la promotion à moindre frais.

Le but étant de étant de réduire vos coûts pour vous ajuster au ralentissement de l’activité économique, et si cela est nécessaire d’être capable de baisser vos prix tout en continuant d’offrir un service de qualité aux consommateurs.

Le résultat, non seulement vous réussissez à vous maintenir en activité et à fidéliser votre clientèles, la capacite à baisser vos prix peut également vous permettre de gagner de nouveaux clients et pénétrer de nouveaux segments de marché.

S’il faut retenir une chose, c’est qu’en temps de crise, l’économie n’obéit plus à loi de l’offre et de la demande, mais plutôt à la loi du prix et de la demande. Les actions marketing sont inefficaces tant qu’elles n’indiquent pas une diminution de prix ou une possibilité d’économiser.

En moins que vous ne soyez une entreprise bourrées de cash comme Microsoft, voici les inconvénients de lancer un nouveau produit en temps de crise :
1. Tension sur la trésorerie ;
2. Risque de fiasco commercial ;
3. Erreur de timing ;
4. Risque de faillite.

Les avantages ? Aucun. En temps de crise, il faudrait donc éviter d’innover en lançant de nouveaux produits, mais innover en faisant du ré-engineering. Prenons un exemple pour conclure : La compagnie Apple à récemment innover une fois de plus en lançant une nouvelle version très attendue de son célèbre iPhone. Pour ceux qui ne le savent pas, le produit fait plus de « buzz que de bucks ».



1 commentaires:

Anonymous said...

Encore un article intéressant. J'aime bien les images et illustrations qui sont plutôt bien choisies et transmettent fidèlement l'idée de l'article.

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